La chapelle

De Notre Dame de Montoubérou au XIIe siècle à Sainte Philothée d’Athènes au XXIe siècle. 

AUX SOURCES DES PIERRES

Montaubérou

Montaubérou a été fondée entre 1174 et 1180 par Raymond V, comte de Toulouse et de Mauguio, qui la donna aux grandmontains avec un hectare de terrain et une rente annuelle de dix setiers de blé. En 1190, Guillaume VIII, Seigneur de Montpellier, accorda un cens annuel de vingt sols sur le four du Peyrou ou du Chatel, se réservant le droit d’y faire cuire son pain. Dans son testament du 4 décembre 1202, il légua mille sous à la fondation. L’évêque de Maguelone, Bernard de MEZE, consacra la chapelle le 21 novembre 1225. Devenu prieuré en 1317, on lui unit les celles du Sauvage, du Peyrou et de Montez argues. Elles étaient toutefois séparées de Montaubérou par des distances assez grandes.A la fin du XIIIème siècle, elle ne comptait plus que sept clercs ; devenu prieuré ce nombre fut porté à 17. Son premier prieur fut Pierre de Lignières.En 1174, les Grandmontains s’installent sur un domaine dépendant du chapitre cathédral de Maguelone.

Présentation de la Chapelle de Grammont

Domaine de Grammont – 34000 Montpellier

L’ordre de Grandmont

L’ordre de Grandmont est un ordre monastique catholique originaire du Limousin fondé vers 1076 et dissous en 1772, répandu de l’Angleterre à l’Espagne. Issu de l’érémitisme tout en y mêlant des traits cénobitiques, l’ordre est caractérisé par sa règle et la diffusion de son modèle architectural, conforme à la réforme grégorienne. Étienne, originaire de Thiers en Auvergne, s’installe au pied des monts d’Ambazac, à 20 km de Limoges, dans le duché d’Aquitaine. Il fonde l’ermitage de Muret, vers 1076. Cette période est marquée par la création de plusieurs communautés monastiques de réforme : ainsi, en 1084, saint Bruno fonde la Chartreuse et en 1098 saint Robert de Molesmes fonde l’abbaye de Cîteaux. 

La Vita, écrite pour le dossier de canonisation d’Étienne au xiie siècle, le présente comme un fondateur d’ordre. Étienne et ses premiers compagnons se distinguent par leur choix d’une vie d’extrême pauvreté. Il interdit toute possession de terres au-delà des bornes du domaine, tout animal hormis les abeilles.

Les ermites vivent des dons suscités par leurs prières. Étienne et ses frères pratiquent les travaux manuels, les cultures de subsistance, sans règle, dans leur enclos, loin du monde. La chapelle a été construite vers 1180 (en même temps que l’ensemble des bâtiments conventuels), le chevet a été refait en 1225.

Pendant les guerres de religion (XVIe siècle), le prieuré est partiellement ruiné. En 1518, ayant perdu une grande partie de ses biens, elle ne comptait plus que quatre clercs. Occupé par les troupes lors des Guerres de Religion, le prieuré fut assez maltraité ; la commande acheva de le ruiner. L’évêque de Montpellier, Antoine de SUBJET-CARDOT, se fit adjuger la manse priorale et ses successeurs en firent autant. L’église, profanée par sa transformation en bergerie fut reconsacrée le 3 juillet 1655. L’abbé de la Marche de Parnac parvint à y rétablir le service divin en 1692, celui-ci ayant été longtemps interrompu, puisque la communauté s’était transportée au Sauvage au milieu du XVIIème siècle et ce, malgré la vive opposition du prieur commendataire. On y vit un couvent, puis au XVIème un conservatoire de la flore, LOUIS XIV l’unit en 1701 au séminaire de Montpellier, tenu par les Oratiens. En 1712, un procès-verbal de visite mentionne que le mur Sud était soutenu par des arcs-boutants sous lesquels passait le cloître. L’aile occidentale fut en partie reconstruite au XVIIIème siècle. En 1701, il est donné au séminaire de Montpellier.

Les sites grandmontains sont vendus à la Révolution. Des entrepreneurs démolissent les bâtiments pour récupérer les matériaux. Vendu comme bien national en 1790, transformé en propriété viticole. L’aile ouest est reconstruite au début du XIX e siècle1. Vendu comme Bien National le 4 janvier 1791, Montaubérou fut acheté par le Marquis Charles Louis de FREGEVILLE qui le garda jusqu’en 1821. Et le général de brigade De Frégéville y construit une villa. Etienne Bouisson, professeur à la faculté de médecine de Montpellier, fait l’acquisition du domaine en 1867 ; Sa femme légua le bien à la Faculté de Médecine le 8 septembre 1893 avec obligation d’y construire une chapelle. Sa veuve, Amélie Bertrand, lègue, par testament en 1893, l’ensemble à la faculté de médecine qui fonde à Grandmont l’institut Bouisson-Bertrand.


Mais c’est La Faculté de Médecine, légataire de l’épouse du professeur Buisson-Bertrand, propriétaire du “château”, qui y fait ériger la chapelle.

La chapelle actuelle

La chapelle actuelle a été construite entre 1895 et 1897, (date portée sur un vitrail) à l’emplacement de l’ancienne par l’architecte Pierre Arribat ; sculptures d’Auguste Baussan ; vitraux de Charles Champigneulle.

L’Architecte Pierre Arribat

Il est nommé une première fois inspecteur des édifices diocésains de Montpellier le 14 mai 1850, puis le 30 mars 1854 au traitement fixe de 500 fr. À la demande insistante de Revoil, ce traitement est porté à 1 200 fr, le 18 juillet 1855 ; augmenté d’une indemnité supplémentaire de 800 fr. de 1855 à 1857, à cause des travaux de la cathédrale de Montpellier. Il était dépourvu de grades universitaires et fut nommé officier d’académie le 25 janvier 1875. Il a construit en collaboration avec Revoil le petit-séminaire de Montpellier (700 000 fr.) et les églises de Ganges et Olonzac. Il a également construit la chapelle et les dépendances du monastère des Dames dominicaines de Sète (300 000 fr.), les églises du Caylar, de Sérignan, de Maureilhan, le temple de Villeveyrac (Hérault) ainsi que diverses écoles primaires. En tant que membre résident de la société archéologique de Montpellier dont il fut trésorier, il exécuta des plans topographiques et des planches représentant les monuments antiques et médiévaux de la contrée. Il était membre correspondant de la société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers et membre de la société française d’archéologie. Il a dressé la monographie de l’ancienne cathédrale de Maguelonne (10 grandes planches) et celle de l’église abbatiale du Vignogoul (4 grandes planches), ainsi que divers dessins des églises de Saint-Gilles (Gard), Valmagne, Saint-Guilhem-du-Désert et la ville d’Altimurium (Murviel, Hérault), etc. 

Montpellier 3M • Hugues Rubio

Il obtint une grande médaille d’argent au concours régional de Montpellier en 1860 (section des Beaux-Arts) pour la
reproduction et la restauration d’anciens monuments historiques de l’Hérault, une autre médaille d’argent décernée en 1868 par la Société artistique de l’Hérault pour la reproduction et la restauration de monuments religieux du Moyen-Âge et une mention honorable au concours ouvert pour la construction d’un temple protestant à Montpellier.

Sculpteur Auguste Siméon Baussan. Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), 18 février 1833. Commença ses études d’architecture en 1855 dans l’atelier de Labrouste où il fait la connaissance d’A. de Baudot. Le maire de Bourg-Saint-Andéol le décrivait ainsi (23 mai 1874) : « C’est un brave garçon, uniquement occupé de son atelier, ayant le feu sacré de son état ». En 1858, il construit l’église de Saint-Montan (Ardèche). En 1875, il restaure l’hôtel de ville de Vallon-Pont-d’Arc ; en 1876, il effectue le relevé de l’église de Champagne ; en 1878, surveille et conduit les travaux de construction de la chapelle Saint-Clair à Viviers sous la direction de Baudot et restaure l’église romane de Saint-Polycarpe à Bourg-Saint-Andéol ; de 1879 à 1881, surveille et conduit les travaux de construction de l’église paroissiale de Privas sous la direction de Baudot, en 1880, construit l’église de Saint-André de Cruzière. En 1882, il construit un hôtel à Pont-Saint-Esprit (Gard) pour M. « Bayet, dépositaire général du chocolat d’Aiguebelle » ; en 1883, il restaure l’hôtel Nicolay à Bourg-Saint-Andéol ; en 1887, réalise de grands travaux d’assainissement à la Chartreuse de Valbonne. En 1890, construit l’hôtel Doyse à Bourg-Saint-Andéol ; en 1895, construit la chapelle du couvent de Saint-Joseph aux Vans et la chapelle du Sacré-Cœur à Privas, en 1896, construit l’église du Theil. Il a également construit les écoles de garçons de Saint-Just et de Vallon-Pont-d’Arc et réalisé les autels de Saint-Clément de Nantes. Il est nommé, le 8 juin 1874, inspecteur des édifices diocésains de Viviers sur proposition de Baudot, au traitement de 800 fr. Le 30 octobre 1896, il est nommé architecte diocésain de Viviers en remplacement de Journoud, non résident, démissionnaire.

Vitraux de Charles Champigneulle

La maison Champigneulle, une des plus grandes entreprises de vitraux de l’époque, fondée en 1868 par Charles Champigneulle (père) repreneur de l’ancien atelier Maréchal. La maison mère, installée à Bar-le-Duc (Meuse), fait travailler jusqu’à 120 personnes en 1878, alors que ses concurrents n’ont en moyenne qu’une trentaine d’employés. En 1882, Emmanuel Champigneulle prend la direction de l’atelier lorrain49, alors que son frère Charles (fils) installe en 1887 une succursale parisienne dans l’ancienne maison Coffetier. En dix ans, plus de quatre cents verrières sont produites et mises en place aux quatre coins de la France. Vitraux représentants les principaux membres de l’académie de médecine de l’université de Montpellier. Technique de la photo intégrée. Commencée en 1895, la chapelle fut consacrée le 27 avril 1897. L’institut BOUISSON-BERTRAND mena des recherches médicales dans ces locaux. Un préventorium tenu par les Filles de la Charité y fut installé en 1921. La ville de Montpellier en fit l’acquisition en 1979.

Eglise Sainte Philothée

Aujourd’hui cette chapelle est dédiée à Sainte Philothée (bienfaitrice et patronne de la ville d’Athènes) et la paroisse rattachée à la métropole orthodoxe grecque de France du Patriarcat Œcuménique de Constantinople.